Voici ce que Jean-Christophe Pellat, professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, nous explique sur le conditionnel passé deuxième forme. Il nous dit qu’il ne faut pas surcharger les tableaux de conjugaison car ce temps est maintenant inutile. Certes, mais on peut quand même mentionner le verbe être et le verbe avoir !
Voici ce que Jean-Christophe Pellat, professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, nous explique sur le conditionnel passé deuxième forme. Il nous dit qu’il ne faut pas surcharger les tableaux de conjugaison car ce temps est maintenant inutile. Certes, mais on peut quand même mentionner le verbe être et le verbe avoir !
“En français classique, on employait régulièrement le plus-que-parfait du subjonctif avec la valeur du conditionnel passé : – Rodrigue, qui l’eût cru ? – Chimène, qui l’eût dit ? (Corneille, « Le Cid »). Cet emploi se maintient en français contemporain, dans un niveau soutenu, avec une valeur d’irréel du passé, comme chez Proust : « Mais si je n’avais pas fait cet arrêt, si la voiture n’avait pas pris par l’avenue des Champs-Élysées, je n’eusse pas rencontré Gilberte et ce jeune homme ». Dans un système hypothétique, le plus-que-parfait du subjonctif de la principale peut-être remplacé par le conditionnel passé : « je n’aurais pas rencontré Gilberte ». Dans son souci d’étiqueter cet emploi, la grammaire scolaire du XIXe siècle a inventé le « conditionnel passé deuxième forme » (« eusse rencontré ») qui s’ajoutait, dans les tableaux de conjugaison, au « conditionnel passé première forme » (« aurais rencontré »). Étiquette superflue, puisqu’il s’agit simplement d’un emploi du subjonctif plus-que-parfait pour exprimer une supposition portant sur le passé. Le « conditionnel passé deuxième forme » a disparu dès les années 1960 des grammaires, qui se contentent d’indiquer cet emploi particulier dans leur chapitre sur le subjonctif : « le plus-que-parfait du subjonctif s’emploie dans la langue soignée avec la valeur du conditionnel passé (...) : J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante (Baudelaire) » (« Le bon usage », 1986, p . 1306). Certaines grammaires archaïsantes en parlent encore. Ce n’est donc pas un temps perdu, mais une étiquette inutile dont il est vain de faire la recherche en surchargeant les tableaux de conjugaison, qui sont déjà assez complexes sans elle.”
Passé deuxième forme du verbe être
j'eusse été
tu eusses été
il eût été
nous eussions été
vous eussiez été
ils eussent été
Passé deuxième forme du verbe avoir
j'eusse eu
tu eusses eu
il eût eu
nous eussions eu
vous eussiez eu
ils eussent eu
Passé deuxième forme du verbe manger
j'eusse mangé
tu eusses mangé
il eût mangé
nous eussions mangé
vous eussiez mangé
ils eussent mangé